REIGLES DE L’ETERNEL AMOUR u dnîmo. I* T/ fault pour V amour de [on Bien fp^nere ^ us delfrifer qu on ne peult appeter* quàm (juis Pour l’ appétit defor donné reflraindre 9 C/« mperr. ^ us endurer qu on ne pour r oit blefier , *’2* Four l'ire en nous <& vengeance refraindre, quis îxdat. I I- Il fault pour le Dieu crucifié P aire le bien que tu f 'pays , efire jufte , Ht foujfnr mal , combien qu il foit tnjufte. III, Il fault pour V amour de la Ré- publike Un Pauvreté , en Mejp ris , en Douleur , Mettre tout Bien , tout Honneur & Plai- fir. I V. Il fault pour fa jufiification , Tant s'accufer quon fe voye damné , affin qu en Dieu foit la feule fiance. V. Il fault univerfellement pour tout le monde , Tant travailler ,fouffrir &foy dej]>endrea €)ue nous puijfions noblejf ? en autruy pren- dre* V I. Il fault pour la vie éternelle avoir , La Charité , l'Efierance & la Foy , Pour accomplir vers Dieu notre impuif- fance. VII. Pour l'Eternelle Félicité fault mettre } En moy mon rien y faufma ruyne &Dan3 En Dieu mon tout , d toute Eternité . J’ESCRY I C Y LA VRAYE FIN DU MONDE: Au nom , honneur & étemelle gloire de U Pnijfance , Sapience & Bonté infinie , Pere > F Hz. & S. Efpnt . Amen . Il est - ce que Thomme ? C’efi: la fin du monde. Com- ment la fin du monde ? C’eft- à-dire , une créature raison- nable , faiéte & créée à i’ima- . ge& femblance de Dieu , pour l’ufage^ bien & contentement de laquelle finale- ment Dieu ha créé le monde. Que veultdire à l’image & fembîan- ce de Dieu ? C’eft-à-dire, qui , avec vraye & non faulfe Puiffance , Sapience & Amour , expofant pour l’humaine na- ture les forces du Corps , de l’Ame 8c des biens defpenfables , doibt icy-bas en cefte vie inférieures corporelle repre- fenter la divine & nullement faulfe puif- fance , fapience & charité 3 en mon- trant par œuvres corporelles que Dku î$ ta DoÏÏvinâ. eft en 1* homme caché & agent, quand avec Raifon il veuit vivre» Qu^avoit à faire Dieu de l’homme, pour créer le monde à fon intention , quand ne l’homme , ne le monde n’e- ftoient pas encores en eftre ? Nulle cho- fe du monde , fauf que pour eftendre & monftrer vers luy la bonté infinie , pour à tout jamais eftre par ladite créature humaine ( qui pour la vaiuë de foy- mefme& de tout le monde eft obligée ) glorifié. Donc il fault que l’homme foit le petit & abbrevié monde préor- donnê avant le grand monde , puifque le grand eft faid pour luy» Cela eft cer- tain* Qu*eft-ce à dire , à tout jamais Dieu eftre glorifié ? C’eft-à-dire , qu’il fault que l’homme qui ha receu , 8c ioy-mef- me 8c tout le monde de Dieu , doibt à tout jamais eftre en foy à bien Fa;re très-diligent 8c humilié , défia d 8c comme adnihilé , pour clarifier 8c glo- rifier Dieu , en fon corps , 8c pour en pauvreté , mefpris 8c douleur vivant , donner & fonder toute fa richefle , ré- putation & plaifir en fervir à Dieu, 8c en lomme pour eftre en ce bas monde comme un Dieu incarné» Comment , ainfi comme un Dieu incarné ? Car il fault neceftairément que la perfedion ou la parfa-de oblervation delà railon foit fi grande , que la créature raison- nable ne fe veulle retenir choie du mon- de 'du Siecle dore. q île en propriété , mais du tout en foy abolie & voluntairement annichilée # monftre la divine fimilitudeen foy. Quel moyen y ha-il d’eftre faidtou de devenir ainfî femblableà Dieu ? Tout tel moyen , comme doibt ob Ter ver un enfant %u parfaiét ferviteur & vray amy vers un pere de famille très-bon & parfait. Comment? Il fault que le bon & parfait enfant , & qui veult eftrc femblableà fon pere , fe travaille à ac- quérir très-diligentement le Ion le vou- loir de fon pere , & n’en demande , vi- vant fon pere , nul loyer 3 s’efforce de fort travailler fon corps &efprit 3 & ne vouloir pour foy nul repos , mais feule- ment procure par fon labeur J’autruy , c’eftà fçavoir Tuniverfel & principale- ment le domeftique , fraternel 3 & le pa- ternel repos & plaifïr corporel & fpiri- tuel , & femblabement face les chofes les plus louables & honorables qu’il pourra , & quand à foy , fuye l’hon- neur & mefprife d’eftre honnoré 3 en .fe xesjouiffant quand d’on le deshonore ou mefprife pour bien faire , Jaifîant à fon Pere ou Seigneur tout l’honneur do- meftique. Car nous voyons que les peres , pour la maifon 3 ou pour leurs domeftiques, acquièrent , travaillent , & fe mettent communément pluftot en me fpris de leur eftime 3 que tousjours n effayent à gaigner pour leurdi&e mai- fon , fans en prétendre quant à euls 6 Za Do tir tnt ( excepté l’ufage & l'honneur ) pins grande richeûe , volupté , ou gloire .» mais feulement ( j’entendz des Sages & vrays Peres , & non .pas des Folz , dont le monde eft piain ) à caufe de leur pol- terité. Comment fe doibt accommoder cecy vers Dieu d Très-bien. D’autant que Dieu eft Pere éternel , d’infinie bonté , fapience de puiffancc^ pour l’amour du- quel il fault non - feulement travailler d’acquérir pourlebien commun 5 & non pour le propre , de xravailier & affliger le corps j tant par penitence ou volon- tairement, comme par fupporter au- truy , ou par patience , & de fe mettre aux baffes :8c h umble sent reprifes » qui font quant au jugement humain pleines de l’opprobre du monde » mais quand nous aurons fa idt toutes choies » alors nous fault en pauvreté , mefpris & dou- leur vivant , oconfeller d’.cftre fervi- teurs inutiles , pendant que. e liant affli- gez .non s méritons pis mille foys que cecy. Donc faifant flous les biens qu’on peult au monde , & loufFrant tous les maulx qu’il eft pollible , ne mérité l’on poinét , puifque l’on fe dièl ferviteur inutile ? .11 fault , félonie Proverbe, laitier faire fon compte à l’hofte 5 Se ay- der à difpoler celuy du compagnon- Nul homme du monde ne doibt compter fon mérité pour grand qu’il foit , mais fe doibt du tout efforcer en fe defprifanc du Siecle doré . ? foy-mefme , de compter 8c eftimer les mérités de Ton compagnon , ou de quel- que autre perfonne , Toit en louant la vertu , foit enexcufant , ou fupportant les vices ou imperfections , 8c quant à foy 1 aider fon compte à Dieu y lequel ne fera pas immemor > ou qu’il ne fe fou- vienne de fon bon œuvre , lequel il re- congnoiftra qu’il ba faid en nous3quan & non corrompues par Satan à l’entrée de ce monde > pour par après eftre fans; rédemption damnées fi elles laiffent Dieu. Que veultf.dire Amen ? C’eft-à-dite que ainfi foit accomply Se faiét , com- Il La ïïoiïrine me par le confeil , fentence & oraifon de noftre^Pete celefte nous avons en celle noftre commune oraifon demandé. Ainfi avec très-fervente dévotion & avec très- certaine foy que Dieu par Adam nou- veau noftre médiateur en fon parfaid entier reftitué , eft en tout lieu avec nous 8c dedans nous prefent, nous ré- citerons cordialement fon oraifon, aifin que Jefus-Chrift foit formé en nous , 8c qu’il nous concédé ce. qu’il nous com- mande que nous demandons. Et fault fai- re orailon fans aucun doubte , croyant qu’il nous donnera d’impetrer , ou faire ou fouffrir ce qu’il lui plaift. Qif eft-ce à dire méditer l C’eft quand ons’arrefte à penfer long- temps fur une parolle, ou fur un propos , ou fur un faid , ou fur un bénéfice de noftre Sei- gneur , en confyderant fon infinie bon- té , clemence , puUTance , fapience , mi- fericorde , juftice , vertu, gloire , 8c ainfi des autres qualités parfaides , 8c que au contraire l’homme penfc fon in- in fi n'y e mefchanceté , felonnie, débilité» ignorance , avarice, injuftice, vice 8c opprobre , & ce neantmoins Dieu feeft. daigné de nous créer & de habiter en nous , 8c nous appelier & faire non- feu- lement les fembiables 8c images , mais fes Enfantz , Juges > Roys , Papes 8c Dieux dominateurs & Seigneurs de tout le monde, mais que feulement un petit de temps nous commencions à ha ha- du Siècle doré. ï J voir la parfaide charité icy-bas en cefte vie. Et ainfi méditant nous inciterons noftre e f p rit à nous humilier 8c meipri- fer , & à glorifier & louer Dieu. Mais il eft fort à noter que entre toutes les méditations du monde il n’y en ha point de plus excellente que celle de la paf- fion de noftre Seigneur ]esus-Christ , tant de ce qu’il ha fouffert corporelle- ment , comme de ce que il ha ioufFert , 8c jufqu’à cefte heure foufFre fpirituel- lement par compaffion de les membres 5 ce qu’il faid , & ha faid dès le commen- cement du monde , mais principallement en fa partie inferieure 8c maternelle unie maintenant dedans la très'-fainde me ré- el u monde , laquelle il ha de fa fubftan- ce intérieurement remplie. En fomme la compafiion à jèfus - Chrift crucifié dès le commencement du monde , eft fi très- forte 8c fi aggréableà Dieu, qu’une perforine en une heure ou en une minu- te de temps peuît acquérir plus de grâ- ces & de peifedions, & de fçavoir ne- ce {faire à fa! ut , que quelque autre ne feroit en mille ans. Et font les vrayz enfantz de l’Antechrift , qui perfuadent qu’on ne doibt point pleurer pour la paftion de Jesus-Christ. C’eft donc la louve raine méditation. Car s’élevant noftre entendement ou l’ame à méditer l’infiny amour , que fon créateur luy ha en fa paflion monftré , & s’efforceant à luy avoir compaffion pour fou inno» 14 La Do&rine cence , & pleurant de jufte douleur * elle fe vient à congnoifire que c’eft elle qui eft la caufe de telle paffion 3 & à ja- mais en accufe elle-mefme , mille foys plus que les juifz le voyant coulpable. QiTeft-ce que contemplation ? Il eft à peu de gentz congneu & fort diificile à donner à entendre , mais par fimilitudes ii fault l'expofer. Tout ainfi comme la dodrine de la Metaphyfike traide des ehofes naturelles fans en confiderer les parodies, ne les corps , ne les images qui font en l’arae , mais en les confide- lant par leur vertu ellentiele,, abftrade & toute feparée du corps * aufïi fault-il" que la contemplation face- Mais il fault que la méditation pafte en contempla- tion quand noftre ame s’efforce decong- noiftre & fentir Dieu en toute la nature* tellement qu’on n'y confydere que la caufe fouveraine , qui eft l’effence * uni- té * vérité & bonté divine en ap rès la puiffancc , fapience & bene valence , & en après la vertu formelle ou formati- ve d’où procèdent les âmes & perfec- tions , la materielle d’où viennent les corps * & l’intelled agent qui faid tou- tes ehofes les ordonnant à leur fin > & l’intelled paflible , qui faid toutes ehofes, & execute par efted , ce que l’autre ordonne. Et en fomme contem- pler en toutes ehofes l’efprit de Dieu , îelon que l’Eglife Ethiopike croyt , tient & dift i’cfprit du Pexe > l'efprit du Siècle dore. * y du fîlz , 8c l’efprit créé du Carat ECprit incréé. Contemplation en Comme n’eft autre chofe que de réduyre toutes cho- fes en divine beauljté la paillon de Dieu en l’amour infiny dont elle procé- dé , tant en la partie fuperieure , ou in- relleduelle , ctfmme dedans la partie in- ferieure , ou animale 8c (cnfuclle > ha efté , eft , & fera tout autant comme les membres de Jefus-Chrift dureront en cefte travailleufe par patience mé- ritoire vie. Airtfi eontemplant kdi£t amour , il fauldra que la .-conformité de tel amour foit congneuë dedans toutz les Saindz & Martyrs , & que petita pe- tit foit imprimé dedans le contemplatif. Qui eft le plus fauve rain ■opprobre & le pkis aggreable à Dieu qu’on puiilc fotcfFrk pour l’amour de Dieu ? C’eft quand avec un zele parfaid & de vr.aye fcience aorné , & avec charité 8c a, vec amour de Dieu 8c de fon prochain , la perfonne ou l’homme peult ( en fe con- formant très-prudentement 8c fagement aux premières formes de la divine vo- îunté } fair foufFrir tout ce qu’il eft au monde polhble , combien que tout le monde l’appelle fol , infenfé , defefperé, fot , vil, abjed , ou fédudeur , excom- munié , melchant , &.dc toutz les mef- chantz & infâmes tiltres du monde di- gne. Et eft plus aggreable à Dieu mille foys de fouftrir une injure de bon cœur & à tort principalement , pour l’amour £# "DoBrlnè de luy , que ce ne feroit d’avoîr de Faîft fouffert toutz les tortz du monde , tant aux biens comme au corps. Car nous voyons que les mondains & fauteurs de Babylone defpendentou mettent en ha- sard lesbiens & le corps ou la vie pour garder ou acquérir l’honneur du mon- de. Mais le vray amateur de Dieu fça- chant que l’honneur eft la plus noble, expetible , defyrable & chere chofe du monde , s’efforce d’autant plus pour la Moire de Dieu d’y renoncer & d’en eftre privé, comme il eft à tous les mon- dains plus cher & eftimable. Ainfî à la vérité l’homme fe monftre mort en foy- xnefme , & un Dieu incarné ou un di- vin Image. Qui font donc les fouve- xaines reigles d’eftre conforme à Di«u ? PLUS SOUÎÏRIR QJJ’ ON NE PEU LT IN TU RI eR ou nuire , &PLUS MES P RIS ER QJJ’ ON NE PeULT DESIRER. Car par la première reigle. toute la partie irafcible eft abolie quant à fa fureur & felonnie dont autrement procederoyent les ires, haynés, ven- geances, & generalement t.oute cfpece de malevolence & maltalent contre fon prochain , & faulte de charité. Et quant à la fécondé reigle elle deftruiét tout le vice de la concupifç ble partie dont procédé l’orgueil ou amour de la propre excellence , l’avaiice& la luxure, tellement que modelées ces deux raci- nes , l’homme eft à la venté comme om- nipotent , du Siècle dore. îfl tnpotent , ufant de irafcible partie con- tre foy-mefme pour fe corriger & de l’autre pour ayder à fon prochain. Car il eft impofflble qu’on luy fceuft faire aultre chofe en l’affligeant , que fa mef- me volume. Or fi il fe penfc comme il eft heureux fupportant le mal , qu’eft- il recevant le bien ? C’eft donc vraye- ment le fondement de la vie immortelle, & de la refurredion pour monftrer que Dieu eft vif en nous , & non pas la vo- lume de la chair , ne la volume de 1* homme. Et ainfi par communication avec noftre Chef & Pere celefte , qui luy feula l’immortalité , le Verbe eft faid chair , ainfi aux membres comme au Chef. C’eft le bpt final de la vraye circoncifion & du baptefme. Quant aux a&ions du corps ; qui font les plus ex- cellentes ? Quand on eft bien inftruid SC dode , la bouche eft l’inftrument corporel duquel plus fault ufer pour enfeigner autruy. En après l’aureille à ouyr la parolle divine. Et en après toutz les fens & tout le corps pour executer le Verbe divin. Supporter douleur en fon corps , tant le cafuel , comme le vo^ luntaire , c’eft-à-dire , tant de par nous à nous faid , comme d’autruy , eft fou» veraine chofe» Car patience tant en deshonneur comme en douleur , eft cho- fe très-neceflaire , & qui feule ha l’œu- vre parfaid. Car c’eft la preuve d’hu- milité. Et n’eft poffible que qui eft hum- La Dôiïfînt ble ne Toit patient , quand perdant les biens , la vie & l’honneur , il fe réputé très-digne de fouffrir cela 8c pis. Mais quand pour dire 8c annoncer la très»* certaine vérité , ou pour prefcher le divin Verbe , ou pour arguer les notoi- res pecliez 8c publiez fans nommer les perfonnes , on eft perfecutê , alors on eft bien heureux d’autant plus qu’on fouffre patientementi En fomme toute efpeee de confolation faitfteà Ton pro- chain avec parfai&e charité , 8c fans aucune efpece de difihuulation , hypo- crifie , ou mocquerie , eft le fou ver ain œuvre qui des parties corporelles fe puiffe faire. Des biens temporelz ; qui eft le fouverain bieii qui s’en peult faire? Les enfantz d’ifrael avant leurs biens nutritifz en commun envoyez du Ciel en la manne , aux cailles 8c âux eaues communes , Scies premiers & apoftoli- ques Chreftiens ayant mis toutes les êhofes ufuelles à la vie en commun , nous monftrent le fouverain ufage des biens temporelz que Dieu nous prefte. Car ce n’eft pour autre choie , faüf que à celle fin que auprès de nous 8c à noftrc fccu , il ne faut qu’il y aye nul indigent , depuis principalement que nous en avons modérément ufé pour noftrene- cdfitê. Car il faut aymer en toutes for-* tes noftre prochain comme nous-mef- mes , lu y départant , tant le temporel , comme le fpi'rituel fubfidc > de ce pour dti Siècle doré. X9 l'amont du commun & celefte pere , qui les départ à qui & comme , & quand il veult , affin que qui les reçoit , les congnoiffe de Dieu & comme difpenfa- teur non pas comme proprietaire en ufe fans en abufer , les communicant à fes freres , qui font tous animaulx raifon* nables. Boire , menger >r veftement , fe- cours en debtes , ou en maladie ,ou en prifon , font les biens que nous debvons donner. Qui font les autres a étions on œuvres de la plus noble partie de T hom- me ? C’eft trefparfaite congnoiffance de Dieu & de foy mefmes , & en après de toutes les créatures. A quelle fin tend la cpngnoifTance Dieu l Pour l’aymer in fi nie ment ainfi qu’il en eft digne , & par confequent né vouloir , ne croire , ne fçavoir , ne fai- re chofe du monde , finon pour l’amour de Dieu, afhn qu’il (oit d’autant plus aymé qu’ileft congneu & fervy. Donc il fault tafeher que toutes créatures xaifonnabies fâchent d’autant plus des chofes facrçes & divines que des hu- maines y comme elles font plus blés. Et en après congnoiftre les chôfes naturelles 9 les morales , les artificiel- les & mixtes , & fur tout l’agriculture 5c nourriture, qui font en partie naturel- les & partie artificielles. A quelle fin tend la tant recommande congnoiffance de foy- mefmes ? Pour aymer uefparfeitemçiit la partie iuw £ a. -■2,0 Z et Doctrine mortelle & fpirituelle , affin que félon ledid amour on ayme fon prochain comme foy mefmes , & pour avec tref- difcrete hayne, & guerre & violence conr tre le corps, faire refiftence aux me f- chantes & iubrikes paillons , & immo- dérées cupiditêz , âffin que le corps chaftiê foit à l’efprit iubjed. Pourquoy fauit-il congnoiftre les créatures ? A caufe que Dieu eft par foy incomprehenfible en celle vie , & ne peult eftre congneu linon par les effeéhz & œuvres. Entre autres fault eftre de la nature humaine & des (impies medica- mentz& de l’Agriculture très-curieux. En la congnoilfance de l’homme , lame doibt eftre .fort en recommandation , comme celle pour qui eft créé le monde. Qui eft 'la fouveraine fourcede la ju- ftilication ou perfedion ? Il eft pour tout certain que c’eft le fang refpandu en la Palïion de notre pere celefte, quant à commencer la juftification. Mais quant à fa creue ou aceroiflement , & quant à fa confummation , il fault que ce foit avec continuel delir j&extremi- té de diligence de bonnes operations faides en charité & paifaïde foy .en Dieu , & deffiance de foy ,&en s’accu- fant continuellement & d’un très-par- faid cœur ; & en cecy eft la vraye raci- ne de noftre juftification quant à nous , que nous nous accufons d’autant plus tfeftre pécheurs , comme Dieu du Siècle doré, t ï 4onne plus de grâces 6c de bonnes œu- vres. Et eft û pui {Tante 6c forte l'accu*- fation de nous mefmes» que pluftoft fe- roit juftifiê le notoire 6c publike pe-, cheur en s’accufant 6c recongnoiflant vrayement pecheur 6c defirant de s'a- mender , que ne ferokle plus jufte du monde , fans s’accufer ou condamner foy-mefmes. SufEft-il s’accufer devant Dieu feule* ment fans foy confeffer au Preftre ou Miniftre de Dieu l Non , non. Car il faille que comme noz pechez tendent contre noftre Dieu & contre noftre pro-* chain» aufïi ilz foyent à Dieu 6c à noftre prochain confeflez. Et pour autant que entre noz prochains le Preftre eft le fou- verain 6c juge des fauites 3 6c qui doibt eftre fçavant pour en donner remede avec rabfolution : c’eft à luy qu’il en fault faire la confefhon. Mais qui v oui- droit venir à fouveraine perfe&ion , il fauldroit à tout le monde ». & en face de l’Eglife publiquement s’en confefter 6c en faire extérieur ligne de penitence ». comme encores fe fai& aujourd’huy en rifle de Giapan 3 6c en la terre ou régné du Preftre Jehan , là oà le ligille de Confeflion ne fe garde poinct, 6c la pu- blike penitence par long-temps fe faid. Eft-ce allez à la perfection de fe con- fe ffe r 6c faire la penitence y tant privée comme publike MIeias nenny 1 II fault oue contiauèllement noftre pauvre n&- & 5 ai La 'Docirlne ture toit refai&e & nourrie de Ton tref- fiaint principe, qui eft le précieux Corps &effence facramefctale de noftre Sau- veur & Rédempteur & pere J es.u s- Christ, tant en fa i'uperieure , com- me en Ton inferieure partie fubfiftant foubz blanche & foubz rouge couleur* Car il nous fauk & la fuperieure & l’in- ferieure , mais beaucoup plus l’inferieu- re materielle & maternelle partie. Car elle eft plus neceffaire , à caufe que la xebellio-n procédé de la chair contre l’Etprit. Il fault donc le plus fouvent qu’il eft pofiîble fe communiât & avec tref-grand defir & certaineté de la vie éternelle & immortelle , s’unir à Dieu , à celle fin que autant comme nous ‘mou- rons en nous , autant enjefus- Chrift noftre pere nous foyons refufeitez, &: petit à petit vivifiez & transformez en f autheur & arbre de la vie éternelle , . jufques à ce que finalement nous foyons un avec Jefus qui eft Adam& Eve nou- velle tout enfemble , ainfi comme il eft un avec fon pere , tant félon la fapience increée , comme félon la creée. En fom- me tout le final threfor de la perfetftion eft pofê & colloque au vray & très- frequent ufage du faind Sacrement de l’Autel. Car "en la très-iain&e efpece de vin Jefus boira en ce fiecle icy-bas & non pas en Paradis , du fruid de la vigne generalle qui eft la vitale rougeur ou maternité du monde. Car la iubftancc du Siecle doré. i $ de ia maternitême peult pafler dedans l’enfant , fauf que la paternité foit en l’un extreme de la femence , & l’enfant foit en l’autre. , Àufti eft-ce dedans la régénération. Car il fault que le fang vivifiant 8c blanc comme chyle de no- ftre Sauveur , quand il eft receu dedans le fpirituel ventre de la nouvelle mater- nité en laquelle fault toutz renaiftre a foit en une extrémité uny au pere 3 & en l’autre aux enfantz* Car la maternité eft comme la fontaine & fource des de- lices de l’un & l’autre monde , en ref- pondant au Ciel 5 dedans lequel Ciel les divinesJfuperieures& paternelles femen- ces , s’efpandent pour icy-bas engendrer toutes les créatures : Ainfi faiét noftre Seigneur , quand il engendre fpirituelle- ment , ou faid renaiftre 3 ou régénéré fes enfantz. Car la blanche ou pater- nelle couleur & fubftance de noftre Sei- gneur foubz Tefpece de pain d’une part s’unift j 8c comme à un cofté de la pleine & redondante taffe , calice ou vaiffea» de fon fang , -boit & s’incorpore avec la rougeur maternelle du fang , auquel eft formé le fpirituel corps de fes en- fantz ; alors quand nous beuvons de l’autre cofté , nous en récepvant la ne- ceftaire effence de l’immortalité mater- nelle , ou rouge , ou animale , ou infe- rieure , 8c luy en recepvant dedans lediéfc maternel fang ineftimable délégation delà décife , efpandue 8c femée généra- fi fl 2 4 £æ DoElrine tion nouvelle de fes enfantz. Et pour celle caufe dift : Je n’en boiray plus , Jufques à ce que je le boyve nouveau avec vous. C’eft la nouveaulté fouve- raine que Dieu faidt fur la terre , quand ainfi la femme circonde l’homme des* hommes. Ce fera donc la fouveraine perfection >, là où nous puilïions en celle vie prétendre, que d’ainfi boire de celle génération de nouvelle vigne 8c mater- nelle fouchc , avec nollre celelle pere * qui de fon collé par feul plaifir fans né- celfité , par feule mifericorde 8c bonté inclinée envers nous , nous régénéré beuvant de fondid collé 3 6c par né ce l'- Été extreme, à caufe que nous fommes mortz , de l’aullre collé nous beuvons- avec luy de ce vin nouveau. Ainlî fera; £ai£te dedans nous en nollre maternelle régénération la volunté du Seigneur * tout ainfi en la terre de nollre corps y comme au Ciel de nollre congnoiffancc, 6c de la divine ordonnance ou inllitution fuperieure , à celle fin aulli que dedans la vie 8c oeuvres de ceulx qui ainfi fe- ront rellituez , fioit faide la divine yo- lunté comme au ciel entre les Anges. C’ell-là où tend la volunté de Dieu. Alors Dieu , en nous habitant , fera un 6c fon nom un. Car la divine ver- tu 6c prefence de nollre Pere celelle ôc Seigneur fera en nous comme en luy tellement que nous boirons d’un mefmc £rui& de vigne * recep vaut le fécond ve- du Siecle dcrê» tf ■ftement ou le furveftement d’immorta- lité par la maternelle rougeur qui eft commune & néceffaire médiatrice entre Dieu-homme & fes enfantz , qui par ce font appeliez , & à la vérité font filz de Dieu , autant par grâce comme il eft par nature , pour lefquelz rendre telz , & pour les conftïtuer comme fes Vicai- res , Dieu créa le monde. Et eft très- certain que combien qu’Adam n’euft jamais péché , tousjours neceffairement la divine fapience qui contient ( comme malle & femelle , en une nature & fub- ftance generale ) toutes lesdivines ver- tus de PintelleCl Agent & du paffible,euft efté incarnée &c en l’un & en l’autre fexe manifeftée , & foubz les deux efpeces du fainCt Sacrement diflribuée à fes membres* C’eft pourquoy en confacrant Komainement , nous appelions le Sacre- ment du fang le nouveau &*éternei Tei- tament , qui à celle caufe en fa figure par Meichifedech , 8C par toutz les Pa- pes & Peres anciens jadis s’offrit. Et parce efl de néceflué que dedans la re- flitution de toutes chofes toutz lç£ Sa- % crements peu à peu ceüent , fauf la Con- feflion & la Communion qui ne font pas filles de péché. Car combien que l’hom- me n’euft jamais actuellement péché 3 fl eft oit* il tousjours neceffaire que l’hom- me d’aucaift plus feuft de foy devant Dieu accufateur , d’autant qu’il euft $fté plus j-ufte* C^x les Cielz 6c les An- 1 6 La Voiïrtne ges mefmes ne font pas netz devant Dieu. C’eft pourquoy les Payens & les Pythagoriques , & toutz naturelz ju- gementz ont jadis eftimé que l’homme de bien ce debvoit chafcun foir confef- fer : Quid fr&termiffum 2 ( difoit Virgile après les Pythagoriques & Payens ) quid gefium in tempore ? quid non 2 Cur huic facto Vécus abfuitï &c. Voulant dire : Quelle chofe ay-je oublié * ou quelle chofe ay-je faiCt avec négligent ce 2 Qu’a'yqe faiCt importunément & hors temps , ou en fon temps 2 Pour- quoy ay-je. failly en cecy 2 &d. Et combien que la Confeftion ne fera par droiCt divin d’éternel commandement > fauf que à Dieu ) je dis en la reftitu- tion, car auparavant elle eftoit necef- laire au Preftre & à Dieu) toutesfoys {i fauldra-il que pour droiCt humain & civil, & at^h pour monftrer le fruiCt de fon humilité , chafcun fe confelfe , & au Preftre 3 & à l’Eglile , & à Dieu > affin d’eftre en toutes fes imperfections aydé & rad relie , pour plus fainCtement aux fainC^es efpeces du Sacrement venir/ Car comme aux actions polkikes 3 l’hu- maine converfation & communication d’affaires eft necelfaire, aufla en la reli- gièufe compaignie il fault que l’Eglife & le Miniltre fâche comment chafcun fe gouverne tant en bien confine en mal , pour conduire un chafcun en fon deb- y oit* Quant eft des chofes qu’on fou- du Siècle dore . %f lolt Croire, il fault qu’on les entende , 8c fâche comme elles font expofées par raifon tant dedans les livres de la Con- corde du monde , dedans 1 Euclide Chre* {tien , comme principallement dedans le Vincle ou lien du monde , qui eflant tourné ou mis enfrançoys, inftruira. tout ledid monde , affinquepar raifou il entende tout ce qu’il fouloit croire » fauf que l’incomprehenfibilité de Dieu 8c du Paradis , ou des biens aux éleuz préparez. FIN.